Solitude

Solitude. Titre d’une émission. Je saute sur l’occasion : depuis 5 ans, je travaille sur la question de la « solitude du dirigeant ».

Mais je me suis trompé. L’émission est anglaise, et, en anglais, il y a deux mots pour solitude : solitude et loneliness. La mienne est loneliness, celle de l’émission solitude.

Comme souvent en Angleterre, la réflexion se limite aux travaux intellectuels. Qu’est-ce que nos grands esprits ont donc écrit sur la solitude ? Le peuple ne compte pas. (Pourtant, dans notre vie, nous n’entendons que son opinion !)

Et, comme souvent, la pensée écrite va d’un extrême à l’autre, la solitude est le bien absolu (méditation), ou le mal absolu (l’homme est un animal social).

Comme souvent, je pense que la vérité est entre les deux. La solitude est un concept utile, mais pas une fin en soi.

(Emission : In our time, BBC 4.)

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Les sociétés sont mortelles

C’est la technique qui fait la survie d’une société, aurait pensé l’anthropologue Leroi-Gourhan (émission de France Culture). Raison évidente : les sociétés qui stagnent sont écrasées par les autres.

Ce n’est plus une idée à la mode. Elle a été remplacée par « l’Anthropocène ». L’homme serait le maître du monde. En particulier l’Occidental. En conséquence, le danger ne peut venir que de lui.

Or, qu’un volcan éclate et le réchauffement climatique, c’est fini. Contrairement à ce qu’il dit, l’homme ne comprend rien au climat. Et il n’a pas aboli la nature.

Que faut-il entendre par technique ? En tous cas, ce qui semble certain est que les sociétés qui stagnent sont mortelles. Les théoriciens des « limites à la croissance » ont peut-être oublié cela dans leurs équations.

Droit à l’information

Un ami m’a raconté que, par esprit de provocation, il est allé assister à l’assemblée générale de Total. En effet, Total est dénoncé comme le mal absolu, et divers militants avaient appelé à empêcher cette assemblée générale. Qu’allait-il se passer ?

Qu’a-t-il vu ? Rien. Des manifestants bons enfants, des CRS tout aussi bons enfants. Quatre dirigeants de Total protégés par une vitre blindée. Et un débat bon enfant.

La surprise n’était pas là, mais dans le reportage qu’en a fait la presse. Selon elle on n’aurait pas été loin de 68, avec violences policières en sus.

La presse souffre peut-être d’un biais : par définition, elle ne s’intéresse qu’à ce qui est anormal ?

Biais d’interprétation

Une vie an Afrique. Un ami a parcouru l’Afrique en long, en large et en travers, pendant près d’un demi siècle. Il a rencontré à peu près tous les chefs d’Etat qui ont fait l’Afrique moderne. Ce qui l’a surpris, surtout, était la différence entre ce qu’il lisait dans les journaux et ce qu’il voyait dans sa vie quotidienne.

A un moment, il était au Mozambique, aux mains des Soviétiques, en guerre contre l’Afrique du Sud, aidée par les Américain. En ces temps l’Afrique du sud était dans le camp des bons. (Ce qui a bien changé ensuite.) Surtout, les mines d’or d’Afrique du Sud ne pouvaient vivre sans le personnel mozambicain, et, effectivement, il n’avait aucune difficulté à traverser la frontière. Et l’Etat d’Afrique du sud payait l’Etat mozambicain pour ses services… D’ailleurs lui-même passait d’un pays à l’autre sans grande difficulté.

Il serait utile d’étudier les biais qui transforment l’information me suis-je dit.

Au fond, ce qu’on reproche aux Russes et aux Chinois est aussi, au moins en partie, à l’oeuvre chez nous.

D’ailleurs, sans aller en Afrique, c’est facile à voir : les manifestations suscitées par la réforme des retraites étaient perçues à l’étranger comme ayant mis la France à feu et à sang, alors que je n’en ai rien vu, et que ma vie n’en a été aucunement affectée.

Meta et les enfants

J’entendais qu’une baronne anglaise avait interpelé M.Zuckerberg. Apparemment, il envisagerait de consacrer sa fortune à la défense de l’enfance. Elle lui a fait remarquer qu’il devrait commencer par ses réseaux sociaux et leur influence délétère.

Mais, les réseaux sociaux ne sont pas tout ce que subissent les enfants. Ne devrait-on pas s’interroger sur les dangers du lavage de cerveau que nous fait subir la société ?

Et quel est le mieux pour l’enfant ? Le protéger, ou lui apprendre à se défendre ?

Alternative interpretation

La police utilise un « taser » contre un enfant de onze ans. Ce ne devrait pas être permis, disait la BBC, il y a quelques jours.

L’information disait aussi que l’enfant menaçait les policiers avec un couteau.

L’information de la BBC ressemble souvent à cela. D’un côté, elle dénonce les agissements de la police, mais, de l’autre, sans s’en rendre compte ?, elle décrit un pays sans foi ni loi. Ce qui est très inquiétant pour le gros de la population.

Cela peut donner une idée des raisons d’un phénomène souvent décrit par la systémique : l’énantiodromie. (Nos actions donnent le contraire de nos intentions.)

Réformer l’éducation

L’éducation : cas désespéré ? Nous en fumes fiers, mais chaque réforme semble l’enfoncer un peu plus dans l’absurde. A croire que les forces au pouvoir en veulent au modèle social de la 3ème République !

Quelques observations :

  • on a démantelé des formations primaires (lire, écrire et compter), qui marchaient très bien. Pourquoi ?
  • les formations « d’élite » sont désormais concentrées dans les quartiers « privilégiés ».
  • les formations supérieures sont des désastres. Ce qui marche, c’est le BTS ou la préparation aux grandes écoles : l’élève a besoin d’être pris en main. Ce qui est le modèle des universités étrangères.
  • l’orientation ne se fait pas selon les talents, mais selon des critères abstraits, en outre en survalorisant de manière stupide les professions intellectuelles. Résultat : des diplômés malheureux et inutiles.

En fait, il me semble que tout le monde sait cela, sauf les réformateurs.

La solution au problème pourrait donc être locale. Laisser aux collectivités locales le soin de développer l’enseignement qui leur convient, et, surtout ?, laisser les enseignants se demander ce qui est bon pour leurs élèves, et suivre leur conscience. Cela produirait de l’inhomogène, certes. Mais ne serait pas grave. La concurrence a parfois du bon. Quant à l’éducation nationale, son rôle serait d’être un juge de paix, et d’encourager la concurrence, en faisant connaître les bonnes pratiques.

Les changements de M.Macron

Pour tenter de comprendre ce qui a conduit au discours de Macron () Playbook a contacté Isabelle Lasserre, journaliste au Figaro. () « Jusqu’à il y a un mois et demi, il ne pensait pas cela des pays de l’Est », a déclaré Lasserre. « Avant, il y avait toujours une forme d’ambiguïté. Maintenant, j’ai l’impression qu’il pousse plus pour faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN que Biden.

Alors, qu’est-ce-qui s’est passé? () Macron a été « très influencé » par des politiciens américano-sceptiques, comme les anciens ministres Jean-Pierre Chevènement et Hubert Védrine, bien que Macron lui-même ne soit pas anti-américain. Cela a peut-être eu un impact sur son opinion de la Russie, mais pas nécessairement. « En fin de compte, il [Macron] décide », a déclaré Lasserre. « Il a un tel orgueil – il pense qu’il peut tout faire. » () « Au cours des derniers mois, il a progressivement changé », a-t-elle déclaré. « Jusque-là, il subissait l’histoire. Aujourd’hui, vous ne pouvez pas être le leader de l’Europe si vous n’êtes pas le leader de l’Ukraine. » (Politico.eu de hier matin. Traduction d’une traduction…)

On a attribué cette phrase a beaucoup de monde (j’ai même trouvé un équivalent chez Montaigne) : « il faut bien que je les suive, je suis leur chef ».

Gentrification

Comment la « gentrification écologique » asphyxie les classes moyennes
Entre impératif écologique et besoin de foncier, le secteur de l’immobilier connaît des bouleversements majeurs. Les classes moyennes seront les premières touchées. (Tribune du professeur Bourdin)

On entend parler de plus en plus de « gentrification ». Curieusement, les politiques les mieux intentionnées semblent se retourner systématiquement contre une partie de la population. Toujours la même.

Mais quelle est leur victoire, si elles sèment la discorde ?

Les bons sentiments ne sont pas suffisants pour réussir le changement. Il faut aussi embarquer son prochain.

Egalité

L’apprentissage a le vent en poupe. Et il réussit, et il fournit de bons emplois. M.Macron en fait un élément essentiel de son programme.

Seulement, il pose un problème. Celui de l’égalité.

Notre nation a éliminé son ascenseur social qu’était l’école républicaine. Elle a désormais une classe dirigeante qui se reproduit. Faute de renouvellement, cela ne peut que conduire à un abêtissement général.

Comment éviter le maintien du statu-quo ?