New space

J’ai toujours une guerre de retard. J’ai découvert le « new space », il y a un ou deux ans, alors qu’il aurait été inventé par M.Bush, en 2004, et stimulé par M.Obama.

Son principe est qu’il y a des affaires à faire sur la Lune, en particulier, et que c’est à l’initiative privée de l’exploiter. Ce qui demande que le droit de propriété s’applique à la Lune. Ce qui va à l’encontre des traités qui la régissent. Mais ce n’est pas un traité international qui peut arrêter les USA. En fait, surtout, il faudra fort longtemps pour pouvoir y gagner de l’argent. Alors, la NASA finance et financera encore pendant des décennies « l’initiative » privée des milliardaires américains.

(On va s’installer sur la Lune, La science CQFD, France culture.)

C’est étonnant à quel point nous, Européens, sommes innocents. Soudainement nous croyons qu’une vague d’innovations crée un nouveau Far West de l’entreprenariat, alors qu’il y a derrière cette mode, totalement artificielle, les manoeuvres d’un Etat (et que la technique en matière spatiale a énormément régressé). Et nous sommes persuadés que seul le marché libre peut créer l’innovation, alors que tous les autres peuples font assaut de protectionnisme ! A qui profite le crime ? se demanderaient les zélateurs de la théorie du complot.

Appel au secours

AI could kill call centres, says Tata Consultancy Services boss
Chatbots will soon take over much of the work of human agents, forecasts chief of Indian IT group

Financial Times du 25 avril

Depuis qu’il existe des centres d’appel, il se trouve toujours quelqu’un pour nous expliquer qu’ils vont disparaître, tués par la machine.

Le plus surprenant est que, dans notre société, il n’y ait plus que le marketing qui ait la parole. Si la démocratie n’est qu’une histoire de contre-pouvoirs, M.Montesquieu, il y a encore du boulot à faire pour en réussir une.

Du biais

Un économiste disait que le succès de Keynes venait de ce qu’il avait dit aux politiques ce qu’ils avaient envie d’entendre : pour relance l’économie, il suffisait de dépenser.

On peut imaginer qu’il en a été de même du libéralisme : il enjoint le législateur de démanteler toute législation.

Et maintenant, on en est à la « valeur travail ». On pourrait penser que c’est le contre-pied des deux précédents paragraphes. Que nenni. Ce n’est qu’un slogan. Ceux qui l’agitent n’ont apparemment pas compris qu’ils devaient balayer devant leur porte.

Le phénomène semble général. Nous tendons à suivre la pente de moindre effort. Et c’est pour cela que nous sommes facilement manipulables.

Ce qui semble nous redresser est la crise. La paresse intellectuelle n’est plus permise. Peut-être aussi que de slogan en slogan, on finit par déboucher sur une idée utile, que quelqu’un est capable d’utiliser ? En tous cas, il pourrait être utile de faire des exercices de critique de sa pensée (ce que les anciens semblent avoir appelé « dialectique »). Et peut-être aussi ferait-on bien de se demander si la paresse intellectuelle est innée ou acquise…

(Et si la « société », pour nous gouverner aisément, donc ne pas avoir à gérer notre « complexité », avait intérêt à nous rendre manipulables ?)

Protection de l’enfance

L’Angleterre s’indigne, ai-je entendu à la BBC il y a quelques jours. WhatsApp veut abaisser l’âge d’utilisation de son application à 13 ans. Or l’enfant y est soumis aux pires horreurs.

Tant qu’on y est, ne ferions-nous pas bien de nous demander à quoi l’enfant est soumis par la société ? Toute ce qui se déverse d’injonctions sur lui est-il bon pour sa santé mentale ?

Travail gratuit

Je lisais quelque part que le travail de la femme représentait des milliards d’impayés.

Etant célibataire, et m’occupant des tâches ménagères, cela m’a fait penser que j’étais aussi un exploité. Mais, en observant ce qui se passe autour de moi, je constate qu’hommes et femmes travaillent tout autant l’un que l’autre « gratuitement » : je n’en vois jamais un se reposer, pendant que l’autre s’occupe de l’intérêt général. Seulement, il y a division des tâches.

Vous qui faites l’opinion, serait-il temps que vous preniez conscience que la société a changé ?

(Et, d’ailleurs, pourquoi vouloir donner à tout une valeur marchande ? Ce qui a le plus de prix, n’a pas de prix.)

Conflit de générations

Un entrepreneur mûr me parlait d’incommunicabilité. Il ne parvient pas à parler aux entrepreneurs jeunes. Pourtant, son métier est le développement durable.

Il donne une explication à laquelle je n’avais pas pensé : le jeune est convaincu que le vieux est coupable de l’état de la planète, et qu’en conséquence, ce dernier est un dangereux incompétent. Et, surtout, qu’il, le jeune, doit suivre ce qu’il a dans la tête. Tout ce qu’on peut lui dire ne compte pas, il est faux.

L’intérêt que je vois dans cette hypothèse est qu’elle donne un nouvel exemple d’une situation dans laquelle un homme peut se couper du reste de la société et, surtout, inventer une « vérité alternative », qui vient de nulle part. Au fond, c’est ce que l’on a appelé le « phénomène communautaire ». C’est peut-être, tout simplement, l’explication du fanatisme.

Quels en sont les ingrédients ? Personne coupée de la réalité ? Résultat à la fois du « libéralisme » qui rompt le lien social, par principe, et d’un bombardement de l’individu, isolé, de slogans idéologiques, quels qu’ils soient ?

On nous cache la vérité !

Le think tank libéral espagnol Instituto Juan De Mariana vient de publier son tableau de bord des performances économiques des 27 pays de l’Union européenne pour la période 2019-2023. Il mesure cinq variables clés : la croissance du PIB, la réduction du taux de chômage, la maîtrise de la dette publique, l’évolution du revenu disponible des ménages et la modération de la pression fiscale. La France arrive en 21ème position sur 27. Un classement qui contredit les discours lénifiants, pour ne pas dire mensongers, de nos dirigeants sur la « puissance » de notre pays.

Article

L’article donne le tableau dont il tire ses conclusions. Les premiers de son classement sont : Irlande, Croatie, Pologne, Danemark, Malte, Bulgarie, Chypre, Grèce, Hongrie, Slovénie. L’Allemagne est 24ème.

Mais qui a lu ce tableau ? Mécanisme de la théorie du complot ? Placé dans certaines conditions l’homme ne pense plus ? Il ne voit plus que ce qui nourrit ses préjugés ?

(En l’alimentant habilement, on peut l’amener à la folie destructrice ? En tous cas, il serait intéressant de comprendre ce qui peut nous prédisposer à un tel état de crédulité.)

Biais de confirmation

Je n’ai pas confiance en moi. Si bien que je tends à m’entourer de personnes expérimentées et à me reposer sur leur avis.

Ce qui est une erreur. Car ils ne jugent pas mieux que moi. Ils sont eux-mêmes souvent sous l’influence d’une pulsion non rationnelle. Par exemple, ils peuvent ressentir de la sympathie pour un jeune entrepreneur, non pour son talent, mais pour des raisons de fibre parentale. Ou, comme tout Français, ils ont une opinion sur tout. Surtout sur ce qu’ils ne connaissent pas.

Il faut certainement interroger les opinions. Ne pas en rester à la surface.

Un indice de biais : un jugement qui ne vient pas de l’expérience unique de la personne.

Orange mécanique

On fait une expérience sur les enfants et les jeunes singes. Même dispositif : il y a quelque chose de bon à trouver. Mais il est caché. Pour y parvenir, on suit une procédure compliquée. Singes et enfants imitent la procédure. Puis on ôte le cache. Le singe va droit au but, l’enfant continue la procédure.

Qui est le plus intelligent des deux ?

L’être humain est social avant tout ?

(Entendu à la BBC : Ritual, par Dimitris Xygalatas.)

Pédantisme

Il y a quarante ans, on parlait de « L’intelligence artificielle ». Maintenant, les gens éduqués n’emploient « qu’Une intelligence artificielle ».

Bien sûr, il y a certainement un raisonnement subtil derrière cette expression. De même que derrière « la covid ». Mais quel est son intérêt ? Il y a certainement des manières tout aussi convaincantes de justifier « l’intelligence artificielle », ne serait-ce que parce que tout le monde comprend de quoi il s’agit ? N’est-ce pas une façon particulière de prendre les choses, une perspective que veut imposer une minorité à la majorité, alors qu’elle n’est pas unique ? Une forme de totalitarisme intellectuel ?