Naufrage

On a dit que M.Macron était en difficultés. Mais quid de ses opposants ?

L’allongement de la période d’activité était le programme des Républicains. Pourtant une partie de ses élus s’est opposée au gouvernement. Bien entendu, c’était une manoeuvre tactique. Le type de manoeuvre qui a amené Hitler au pouvoir, et dont le parti politique ne peut pas se sevrer.

Le parti de M.Macron se dissoudra après son départ, les partis traditionnels donnent un spectacle ridicule. Paradoxalement, il n’y a que le FN qui paraisse solide et stable. Il attend tranquillement son heure ?

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Rejet culturel ?

La gauche et la droite n’en finissent pas de sombrer.

Roche Tarpéienne et Capitole ? Il y eut un moment où elles pavoisaient. On entendait quelqu’un comme M.Kouchner dire que, au fond, il n’y avait pas grande différence entre elles. Et, surtout, elles se sont identifiées aux démocrates et républicains américains, jusqu’à s’appeler, effectivement, « républicains », pour la droite. M.Sarkozy n’avait-il pas fait tomber le mur de Berlin ?

N’est-ce pas là le noeud du problème ? Elles ont été prises en otage par une « élite », qui elle-même avait été convertie à ses valeurs par la soft power américaine ? Mais cela n’a pas été le cas du reste du pays, qui est restée attaché à ses valeurs anciennes. Si bien que cette élite ne représente plus rien ?

Mais elle domine toujours la politique locale. Car ses élus se contentent de faire leur métier ? Une bonne idée ?

Pensée libre

En assistant à la conférence du sénateur Retailleau, je croyais découvrir une pensée en construction. J’ai été déçu. (Billet précédent.)

Mais, comme le dit Montaigne, les défauts des autres sont parfois le meilleur moyen de corriger les siens.

Comme chez Clint Eastwood, cette pensée « de droite » obéit à des codes « de gauche ». Par exemple, il s’escrimait à démontrer que la droite avait été écologique avant la gauche. Il n’est pas allé jusqu’à dire que la droite avait fait l’apologie de l’homosexualité avant la gauche, ce qui est dommage, car il aurait eu raison. De même, tout en faisant une référence perfide à un viol commis par des homme d’origine africaine, il a semblé fermement condamner le racisme. Et il a vanté l’ascenseur social éducatif, la grande affaire des Radicaux.

Pour le reste, il a fait preuve de bon sens. Effectivement, le mal du secteur public est d’être une pyramide inversée, une armée mexicaine. Mais cela, tout le monde le dit. La question est de savoir comment on transforme le petit chef en un citoyen utile. Ce sujet n’a pas été abordé.

Etre de droite ne veut pas dire être raciste, contre l’écologie et condamner l’homosexualité, il signifie savoir justifier ses positions par des convictions ultimes. C’est l’exercice existentialiste par essence. Cela demande beaucoup de travail, sur soi.

Ce qui tombe bien, finalement. Car le sénateur Retailleau s’est livré à un morceau de bravoure sur la « valeur travail »…

(« Valeur travail », actuellement revendiquée par le Parti Communiste…)

Sénateur Retailleau

Mon premier meeting politique. Le hasard m’a fait assister à un discours de M.Retailleau.

J’en avais entendu parler. Il semble avoir un petit fan club dans l’Ouest de la France. J’avais cru comprendre qu’il travaillait à une réinvention de la droite. Comme nous sommes en un temps où l’on cherche ses valeurs, j’étais intéressé.

Curieusement, il a paru heureux de voir autant de monde, alors que j’ai trouvé qu’il n’y avait personne, et, encore, essentiellement des élus. Il est vrai, et cela a été répété, que la droite traverse le désert. (Et que, lorsque l’on obtient moins de 5% aux élections présidentielles, il serait bien de ne pas se diviser un peu plus.)

Quant au discours, mon voisin m’a fait remarquer que, s’il parlait sans notes, c’est parce qu’il ne disait rien de neuf. Et qu’il aurait dû commencer par prendre des cours d’élocution. Quant à moi, je n’y ai pas trouvé ce que je cherchais. Il était question des « valeurs de la droite ». Mais, si c’est cela les valeurs de la droite, il n’y a pas de quoi s’en vanter. Sans compter qu’il y avait quelques sous-entendus « populistes », bien appuyés. Des facilités trop fortes pour qu’on leur résiste ?

Si un sénateur de 61 ans, inconnu jusque-là, peut se croire un avenir présidentiel, c’est que sa concurrence ne doit pas être bien relevée ?

Tout s’est terminé par la Marseillaise. Et j’ai pensé que si être de droite consistait à connaître les paroles de la Marseillaise, cela risquait de réduire sérieusement son électorat. Un mauvais point de départ, pour un changement ?

Ciotti ou le Brexit ?

Mais qui est cet Eric Ciotti, qui sort de la primaire LR ? Décidément, je ne suis pas dans le coup. 

Le discours est apparemment RN. Quant à la fiche wikipedia de l’homme, elle présente un apparatchik, un science po, qui a passé toute sa vie dans le monde politique. (Mais, d’une certaine façon, c’est aussi le profil de M.Zemmour.)

Est-ce un bon choix pour LR ? En termes d’image, Mme Pécresse représente le type d’élite, de modèle de société et les valeurs, que rejette une partie grandissante de la population. Si M.Ciotti parvient en finale, la gauche pourrait s’abstenir, et la droite traditionnelle, les partisans de M.Zemmour et de Mme Le Pen, voter pour lui. Ce qui fait beaucoup de monde.

M. Ciotti ce serait notre Brexit ? Pas tant le choix de la raison, qui comprend que les enjeux majeurs ne sont pas nationaux, mais internationaux, que celui de l’accumulation des frustrations ?

LRPS

Pourquoi les Républicains ne sont-ils que l’ombre d’eux mêmes ? se demandait France culture samedi matin. On pourrait aussi se poser la question pour le PS. A eux deux, un temps, ils se partageaient quasiment l’ensemble de l’électorat, à l’américaine, ou à l’anglaise. Ils étaient les vainqueurs de l’enterrement du projet de De Gaulle. 

Ce qu’il y avait de curieux dans le débat, c’est que l’on cherchait toutes les causes possibles, sans en voir une qui semble évidente : la personnalité des chefs du parti. Les candidats qui se portent bien dans les sondages semblent croire à ce qu’ils disent. Ceux de l’UMPS paraissent chercher les courants porteurs. Et si c’était, justement, cela que les électeurs avaient voulu « dégager » ? Et si l’UMPS avait été tué par sa masse, par son succès même : à la tête d’un appareil, il n’y a que des hommes d’appareil ? 

Instabilités politiques et classe moyenne

L’Amérique du sud est mécontente. D’après ce que j’ai entendu, cela viendrait d’un basculement d’une partie de la classe moyenne dans la pauvreté. Les gouvernements de gauche ont profité d’une conjoncture favorable. Puis, quand les choses ont commencé à mal tourner, on a pensé que la droite ramènerait la prospérité, mais c’était une erreur.

Aristote estimait que la classe moyenne était la garantie de la stabilité d’une société. Ces derniers temps, on parlait plutôt de « défense des minorités », qu’elles soient pauvres ou riches (« les créateurs de valeur »). Que l’on se préoccupe à nouveau des classes moyennes est un changement.

Que faire ? Probablement ni gauche ni droite, ni bons ni mauvais. Une société qui fonctionne reconnaît l’utilité de chacun, et ne condamne personne ?

Droite / gauche n'est pas français ?

Les partis politiques français traditionnels connaissent ce que Kurt Lewin a appelé la « phase de dégel » du changement. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Les Républicains sont touchés, après le Parti socialiste.

Après étouffement de leurs alliés, les (ex) socialistes et les (ex) gaullistes occupaient tout l’espace politique. Ils reproduisaient le modèle anglo-saxon : démocrates et républicains ou travaillistes et conservateurs. De potentiellement 100% de l’électorat, ils en sont arrivés à moins de 15% aux dernières élections.

Le personnel politique n’ayant pas été renouvelé, le changement ne fait que commencer. Mais c’est, avant tout, le programme qu’il faut inventer. La question que l’on peut se poser est : n’y a-t-il pas quelque chose qui ne va pas avec le concept droite / gauche à l’anglo-saxonne? Et, ce qui fait le succès relatif du couple Macron / Le Pen n’est-il pas, justement et fondamentalement, un principe mieux en conformité avec notre culture nationale ?

Gauche et droite : même combat ?

Bernard Kouchner disait à France Culture qu’il avait tôt découvert que la gauche et la droite avaient quasiment les mêmes idées. (A voix nue.)

Histoire de la laïcité en France montre peut-être ce phénomène à l’oeuvre. Dans un premier temps la gauche réforme l’école, façon 68. La droite réagit en relançant l’école privée. L’école laïque de la 3ème République a vécu. Idem, les réformes de gauche du temps de travail désorganisent la fonction publique. La droite réagit en coupant les vivres à la dite fonction publique, ce qui amplifie le chaos.

Et si gauche et droite étaient la manifestation d’un même principe : l’individualisme ? Leur point commun est de s’attaquer aux institutions collectives ?

(Faut-il remettre l’individualisme à sa place, et à « refaire » un rien de collectif ?)

Nouvelle droite

Que vouliez-vous qu’il fit ? – Qu’il mourut ! Le combat de Laurent Wauquiez n’est-il pas désespéré ? Mais, sauf à faire allégeance à M.Macron, quel autre choix ? Mélenchon, ou rien ?

En termes marketing, il existe peut-être un « positionnement » pour lui. J’ai noté que l’électorat qui a été fidèle à M.Sarkozy, contre M.Hollande, avait des valeurs très particulières. Valeurs « conservatrices » au sens des Versaillais de la Commune ou des résistants à la Révolution. Il serait peut-être plus juste de dire « possédants ». Le combat de M.Wauquiez est celui des Catalans et Daesh : créer une communauté. Ce qui demande, semblent dire ces deux cas, un endoctrinement.

J’entendais une universitaire expliquer qu’il avait les compétences nécessaires. Il est ce dont déborde la gauche, et manque traditionnellement à la droite : un intellectuel. Cependant, il fait face à deux handicaps. Tout d’abord, la bien pensance de gauche pollue la parole de droite. Elle ne parvient pas à se décomplexer. Ensuite, les mouvements conservateurs n’ont pas laissé en France un bon souvenir.

Paris ne s’est pas fait en un jour. Travaillez, prenez de la peine… ?