Fin de l’histoire

Ce qu’il y a de curieux avec l’histoire de l’homme moderne, c’est à quelle vitesse il se transforme. Pour les autres espèces on parle de centaines de millions d’années, pour nous, on compte en milliers.

Lorsque j’ai utilisé mon premier blog, j’ai commencé par changer plusieurs fois de format. Puis, plus rien. Et s’il en était de même de l’histoire de toutes les espèces ? Quelques milliers d’années pour trouver sa place, occuper sa niche, puis des millions de sommeil ?

Compassion

De temps en temps, la BBC fait état des sévices qui ont été subis par les victimes du Hamas. Commentaire embarrassé.

Qu’en dire ? semble penser la BBC. Cela ressemble à ce que d’ordinaire on nomme « crime contre l’humanité ». (D’autant que les dits terroristes ne pouvaient qu’avoir pour projet de faire massacrer leur propre peuple, afin de profiter de l’indignation mondiale.) Seulement, ce n’est pas la « ligne du parti ».

Curieusement, la même chose s’est produite après la première guerre mondiale. La France de Clémenceau qui avait été détruite par la guerre demandait à ce que l’Allemagne ne puisse plus recommencer ses exactions. Les tergiversations qui en résultaient avaient provoqué une famine en Allemagne. La haute société anglo-saxonne, Keynes en tête, avait pris fait et cause pour l’Allemagne.

Enseignement ? La particularité de l’être humain est probablement de ne plus avoir d’instinct, comme le dit Maslow. Il n’est plus que mécanique sociale ?

Business papal

Quel est le « business » du Pape ? Dans la vie de l’entreprise américaine, il y a un grand moment. Le moment où l’on comprend dans quel « business » on est : le principe sur lequel repose le succès de l’entreprise. Car, alors, en pariant tout sur lui, on peut être maîtres du monde. C’est ainsi qu’un film sur les fabricants de cigarettes dit qu’ils sont dans le business de la production de nicotine. D’où la question : comment en expédier le plus possible dans les poumons du fumeur ?

Le Pape est probablement unique en son genre. C’est à la fois un chef d’Etat, et une autorité morale. Il n’y a que les USA qui aient un réseau diplomatique plus important que le sien. Et il dispose d’écoles, d’universités… un peu partout. Voilà ce que disait France Culture, hier matin. Il est à la tête d’une pieuvre, au sens mafieux du terme. Ce dispositif a servi jusqu’ici de diverses manières. Mais comment devrait-il être utilisé ? Quel est le principe ultime de la religion chrétienne ? Son « business » ?

« L’humanité » comme dans « crime contre l’humanité » ? C’est à dire ce qui fait de l’homme un homme, par opposition à une chose ? Le fameux « amour du prochain » ? Et si c’était ce que le Pape avait en tête ?

Devise

Facebook, je crois, m’a demandé quelle était ma devise. A l’époque j’avais trouvé « ose penser », qui vient de Kant. C’est l’effort que m’a amené à faire ce blog. Jusque-là, j’étais convaincu que, vues les forces sociales qui sont à l’oeuvre, on ne pouvait guère agir sur les évènements. Je pense donc je suis : oser penser, c’est devenir humain. 
Puis, j’ai trouvé « aime et fais ce que tu veux », de Saint Augustin. C’est la devise du changement. Aimer, c’est comprendre que l’autre (l’homme, la société, la nature…) est incompréhensible. C’est l’aimer pour son mystère. Mais admirer ce mystère peut produire l’intuition de la façon d’agir qui fait bouger les choses. (La recette de l’amour comblé ?)
Puis j’en suis revenu à une phrase qui n’a rien de littéraire, mais qui m’est propre, et que je dis depuis longtemps : « j’ai toujours tort ». Cela me semble résumer tout ce qu’il y a d’important dans ce que j’ai fini par comprendre, et qui doit me guider. Et peut-être les deux formules précédentes.

Etre homme, c'est vivre au bord du chaos ?

Un homme c’est ce qui se trouve entre l’absolu (l’esprit pur) et l’animal. Voilà ce que je tire de Camus. Et tout le travail de l’homme c’est de trouver où cela se situe « entre ». Et c’est sans arrêt remis en question.
Camus ne nous réconcilie-t-il pas avec l’humanité ?, me suis-je demandé. Par exemple, il est bénéfique d’avoir des gouvernants indignes. En effet, pour échapper à leurs malversations nous devons nous transcender. C’est la révolte qui fait l’homme ! Ce qui m’a rappelé la théorie de la complexité :
This balance point – often called the edge of chaos – is where the components of a system never quite lock into place, and yet never quite dissolve into turbulence either… The edge of chaos is where life has enough stability to sustain itself and enough creativity to deserve the name of life. The edge of chaos is where new ideas and innovative genotypes are forever nibbling away at the edges of the status quo, and where even the most entrenched old guard will eventually be overthrown. (…)  The edge is the constantly shifting battle zone between stagnation and anarchy, the one place where a complex system can be spontaneous, adaptive and alive. (WALDROP, Mitchell M., Complexity: The Emerging Science at the Edge of Order and Chaos, Simon and Schuster, 1992.)

Et la théorie du fait social de Durkheim. La volonté d’absolu, l’animalité sont deux caractéristiques nécessaires d’une société. Cependant, elles ne doivent pas être trop répandues, sans quoi la société est malade. (Les règles de la méthode sociologique)

Indignez-vous, défendez l'humanité !

En lisant les travaux du CNR, j’ai cru que le témoignage de Stéphane Hessel sur le sujet me serait utile. Eh bien non. Ce livre est un vide sidéral. Inattendu. Et l’indignation de Stéphane Hessel ? Avec beaucoup de mal, il finit par trouver Israël. Imaginez un peu, dans un siècle qui a vu le nazisme, le stalinisme, les révolutions culturelles de Mao, et je ne sais pas combien d’autres ignominies, il ne reste plus comme cause d’indignation que le traitement par Israël des Palestiniens ! Et l’argumentation est d’une indigence sans nom. Le terrorisme, c’est mal. Mais, au fond, il est compréhensible que les Palestiniens envoient quelques scuds. Mais pas qu’Israël y réponde avec la disproportion qui sied aux USA en Afghanistan. Il y a des bons et des mauvais. Et aucune responsabilité d’un monde qui a installé Israël sans se donner les moyens de désamorcer la crise qu’allait provoquer une telle arrivée.

Une postface explique le succès du livre. Des interviews par la télé, des libraires qui en font un moyen de sauver leur boutique, un titre accrocheur (qui n’est pas de Stéphane Hessel), et absolument aucun contenu. La recette de la traînée de poudre.

Mais, au fond, cela compte-t-il ? Et si Stéphane Hessel avait réussi son coup ? Attirer notre attention sur le combat de sa vie : « l’humanité ». Car ce texte m’a fait entrevoir ce que signifie « crime contre l’humanité« . Génocide ? Cas particulier. C’est traiter l’homme comme s’il n’était pas un homme. C’est aller contre son « humanité » sa dimension « humaine ». C’est le considérer comme un animal ou une chose. Ou empêcher que l’enfant ne puisse devenir un homme (alimentation, éducation…). Cette « humanité » crée une solidarité naturelle entre hommes, puisque lorsqu’on l’attaque, on nous menace tous. Dans ces conditions, il n’y a plus de nations qui vaillent. Quand l’humanité est menacée, hommes de tous les pays unissez vous ! Conséquence colossale. Considérer qu’il existe des « sous hommes » (ce qui est implicite dans le libéralisme financier) est un crime contre l’humanité, réduire en esclavage ses personnels de maison – ce qui se pratique dans le Golfe – est un crime contre l’humanité, etc.

(Qu’est-ce que « l’humanité » ? dira-t-on. C’est une autre histoire…)

Ce qu'Internet a changé: les usages

Troisième et dernier volet de la petite série entamée il y a quelques semaines, sur les changements induits par Internet: les usages.

En l’espace d’une vingtaine d’années, Internet et les outils qui l’accompagnent ont radicalement modifié les modes de fonctionnement de nos sociétés modernes (et même de celles les moins avancées). Insidieusement, petit à petit, nos modes de communication se sont transformés, au point qu’on parle désormais d’une génération Y, dont l’apprentissage d’Internet s’est effectué en même temps que les autres apprentissages de la vie, et de ce fait censée être dotée d’un avantage sur les générations précédentes.

Faisons ensemble le tour de ces usages si différents.

  • « Googler » un terme. Pour vérifier la définition d’un terme ou même son orthographe, il suffit de lancer une recherche sur Google et de parcourir les deux ou trois premiers liens proposés.
  • Se repérer sur une carte: qui achète encore des cartes Michelin, des cartes IGN ou de tout autre distributeur? Les cartes sont désormais disponibles en ligne, qu’elles soient fournies par Google (encore) ou Microsoft ou Open Street Map.
  • Regarder la télévision, cela se fait de plus en plus via un boitier d’accès Internet (Freebox, Livebox, etc.) ou sur un mobile… via Internet mobile.
  • Ecouter de la musique, en streaming (encore un terme apparu avec l’Internet) ou après téléchargement.
  • Faire ses achats: personnellement, j’achète presque tous mes livres et DVD en ligne, sur Amazon ou d’autres sites. Je n’en suis pas encore à la phase ultime, celle de lire les livre sur un ordinateur ou une tablette, mais cela viendra probablement.
  • Apprendre ou enseigner. L’e-learning n’est plus un rêve. 
  • Séduire, au travers de sites dédiés à la rencontre entre célibataires ou au libertinage moins innocent.
Sans oublier les formes de travail collaboratives. Les réseaux sociaux ont pris place dans notre décor quotidien, Facebook permet à plus de 800 millions de personnes d’échanger, et le jour où nous pourrons tous nous adresser les uns aux autres s’approche doucement.
Internet a envahi tous les usages, toutes les activités humaines. En réalité, le nombre des activités où Internet n’intervient pas doit pouvoir se compter sur les doigts d’une main. Pourtant, Internet n’a pas encore atteint le terme de sa croissance, et d’autres défis se présentent:
  • un défi économique: les services auxquels nous faisons appel aujourd’hui pourront-ils survivre 5, 10, 20 ans?
  • un défi politique: l’internet d’aujourd’hui, ouvert et accessible à tous (ou presque) survivra-t-il à la mainmise de régimes autoritaires, réfractaires à la libre expression?
  • un défi philosophique: internet ne devient-il pas, peu à peu, sa propre raison d’être?
A suivre…