Le libéral et la cigarette

Le gouvernement britannique veut interdire la cigarette aux moins de 13 ans, une partie des conservateurs s’y oppose : interdit d’interdire !

La question qu’ils posent n’est pas que conservatrice. Y a-t-il de grands principes que l’on doive appliquer aveuglément ? Ou faut-il, en permanence, comme le font les religieux, réinterpréter les textes de loi ? Non seulement en se disant que nous ne les avons pas compris mais aussi que ceux qui les ont écrits n’avaient peut être pas été assez loin dans la compréhension de ce qui est bon pour l’humanité ? Après tout, c’est comme cela que procède la science…

(Curieusement, c’est Liz Truss qui semble diriger la fronde conservatrice. Ce qui prouve que le ridicule ne tue pas ?)

Intérêt général

La BBC se demandait pourquoi autant de politiciens anglais parlent de « national interest ». (Analysis, BBC 4.)

Je pense que le Français emploierait plutôt « intérêt général ». Ce qui, pour une fois, est plus habile. Car le royaume uni est fait de quatre nations. L’intérêt de l’une n’est pas toujours celui de l’autre.

En tous cas, l’intérêt général s’oppose à l’intérêt personnel. Le succès actuel du premier tient peut-être à ce que même en un temps libéral, il n’est pas bon de parler du premier. Ensuite, l’intérêt général est une question de long terme, par opposition à court terme. Et l’intérêt général pourrait aussi opposer ce qui est à l’utopie. Une idée utile. Car on est tenté de critiquer les partis politiques, par exemple, alors que sans eux, il n’y a pas de démocratie. L’intérêt général n’est pas compatible avec la révolution ?

Mais qu’est-ce que l’intérêt général ? J’ai eu une curieuse idée. Elle vient d’un croisement entre les idées de Kurt Lewin et de Chester Barnard. Et si, pour le déterminer, il fallait écouter la population et tirer des ses idées un projet qui ne sombre pas dans la facilité de ce que l’on nomme « populisme », mais qui l’enthousiasme ? Une sorte d’oeuvre d’art qui tient autant de la personnalité de l’artiste que du matériau qu’il utilise ?

Police scientifique

Il existerait une « Truth police« , une police de la vérité. BBC 4 lui consacrait une émission. Un groupe de personnes, bénévoles, s’est mis à vérifier les articles scientifiques. Il découvre un nombre significatif de cas purement et simplement frauduleux. Les erreurs sont parfois grossières ! N’étant pas entendu des scientifiques, il fait appel à l’opinion publique.

Faut-il se méfier de la science ?

De la vérité comme « commun », et de la « police » comme seul moyen pour la faire respecter ?

Depuis des années, la science a un secret honteux ; la recherche est aux prises avec des réclamations, des cas de fraude, de faute professionnelle et d’incompétence pure et simple. Des données suspectes, des résultats révolutionnaires qui ne peuvent pas être reproduits, des tours de passe-passe statistiques surprenants – la science traverse une crise existentielle.

Prolifération nucléaire

La Corée du sud veut devenir nucléaire. Car, peut-elle compter sur les USA ? M.Trump n’a-t-il pas dit que les USA n’assureraient pas éternellement les frais de la défense de leurs alliés ? (La BBC, ce matin.)

Une des conséquences du « désalignement » sera-t-il la prolifération nucléaire ? Si l’on suit ses intérêts, il faut être aussi capable de se défendre, seuls ?

D’ailleurs, M.Poutine aurait-il envahi un pays « nucléaire » ? Imaginons que la Russie se disloque et se trouve, elle et son arsenal, entre les mains de seigneurs de guerre, que se passera-t-il ?… Que les écologistes le veuillent ou non, notre avenir semble être nucléaire.

Les « communs » sont très à la mode. Peut-être pourrait-on considérer l’arme atomique comme l’un d’entre eux ?

Printemps nucléaire

Créons un prix Nobel de l’innovation sociale ? Cette année, on aurait pu le donner à M.Poutine.

Il a certainement beaucoup appris de l’Américain, qui sait qu’aucun engagement n’est définitif, et qui, par exemple, met une entreprise en faillite pour liquider la dette contractée auprès des retraités. L’innovation de M.Poutine est bien plus remarquable : elle est nucléaire.

Il envisage d’utiliser la bombe atomique, et bombarde les centrales nucléaires.

Comment éviter les conséquences imprévues de l’innovation sociale ? Relire Elinor Ostrom ? Le nucléaire pourrait être décrété « bien commun » et contrôlé par l’humanité, et non par M.Poutine.

Il devrait en être heureux : cela se nomme le « communisme ».

Le paradoxe de la coupure

On n’aura pas d’électricité cet hiver. Après l’avoir nié catégoriquement, le gouvernement semble le reconnaître. (Et on s’étonne que certains croient à la théorie du complot…)

Le paradoxe de l’affaire est que c’est au moment le plus froid, lorsque tout le monde a besoin d’énergie en même temps, que plus personne ne peut se chauffer.

Bien sûr, c’est surtout une question d’imprévoyance. On touche aux limites du libéralisme. C’est bien d’avoir des gens qui font ce qu’ils veulent, mais, de temps en temps, il est bien d’avoir, aussi, une vision d’ensemble de ce qui se passe. Serait-ce pour cela que l’on crée des Etats, que l’on appelle des « bien communs », ou des « choses publiques » ?

La France en changement ?

Ce qui caractérise l’action de l’Etat vis-à-vis des territoires, c’est le dysfonctionnement, disent des sénateurs, dans un rapport : « Pour les rapporteurs, la cause des réformes qui se sont empilées « est à chercher du côté de l’idée que l’on se fait de la place de l’Etat dans les territoires. Or, à cet égard, il faut bien reconnaître un déficit de vision sur le long terme, qui ne peut que nourrir les tâtonnements, les improvisations et les expérimentations décevantes ». » (Article.)

Ils donnent une explication, c’est intéressant, systémique : une confusion des « rôles ». « Le rapport ne propose donc pas un nouveau big bang territorial, mais plutôt une clarification des rôles de chacun, fondée sur les principes de subsidiarité et de complémentarité des fonctions – un Etat recentré sur ses fonctions régaliennes, accompagnateur plutôt que censeur des collectivités territoriales. C’est l’esprit de la dernière réforme issue d’Action publique 2022, qui redonne, par ailleurs, un rôle central au niveau départemental, après une période marquée par la toute puissance du niveau régional impulsée par la période « Reate » . »

Il est, en particulier, question « d’auto contrôle ». Un changement majeur peut-être qui pourrait faire que le citoyen soit, un jour, considéré comme un « adulte ». En conséquence de quoi l’Etat ne se percevrait plus comme son tuteur. Il serait, désormais, une « république », autrement dit le « bien commun » d’une société d’adultes, dont le rôle est de réaliser leurs objectifs, et non plus les idées qui lui passent par la tête.

Les conditions nécessaires de la science

Une des idées qui avait la cote dans les années 2000 était que l’entreprise étant le financier de la société, elle devait donc choisir la recherche qui lui était utile. Simple bon sens. Lors de la crise de 2008, Paul Krugman a écrit que les économistes ne l’avaient pas vu venir, parce qu’ils n’étaient pas payés pour ça. 

Rien n’a changé, la science est aux mains d’intérêts particuliers. Financiers ou non, d’ailleurs.

La mission de la science : nous regarder de l’extérieur ? Aller au delà de l’intérêt personnel du scientifique ? Mais, alors, comment ramener la science à la raison ? 

A force d’accidents, l’humanité finira par penser que l’intérêt personnel n’est pas un bon guide ? Elle réinventera la science ?

Gouvernement mondial

Conférence sur la régulation des affaires mondiales. Présentation d’un livre d’un éminent technocrate mondial. Comment faire évoluer l’ONU pour qu’elle puisse, vite et bien, régler des affaires comme la transition climatique ? 

De manière peut-être inattendue, ce qui ressort de la discussion est que l’ONU devrait ressembler à l’Union européenne. Il semblerait même que le projet initial ait été de la faire ressembler aux USA. Ce projet aurait été dénaturé par le sénat américain et l’URSS. 

En particulier, elle devrait avoir une chambre de représentants des peuples, élus. Et pas un pays, une voix, comme aujourd’hui, ce qui donne autant de poids à la Chine qu’à une île du pacifique. Dans ce nouveau dispositif, la Chine serait dominante ! 

Quant on constate les difficultés de l’UE, et le rejet que suscite actuellement plusieurs décennies d’activisme de ses instances dirigeantes, avec le Brexit comme résultat, ont peut douter de ce montage. Et encore, imaginons une UE qui contiendrait des rivaux tels que la Chine et les USA ! Imaginons que l’on impose une transition climatique en force, alors que l’on n’a pas la moindre idée de comment la réaliser ! 

Comme le disait Camus, le technocrate est un « révolutionnaire », certain d’avoir raison, il veut imposer ses idées ? C’est un « possédé », au sens de l’oeuvre de Dostoievsky ? Paradoxe d’une administration dont la mission est d’être au service de l’humanité ? 

Grandeur et mystère de l'entrepreneuriat social

En Lozère, une association assure le transport des personnes qui ne peuvent pas se déplacer par leurs propres moyens. (Article.) Elle fait oeuvre de service public. Car il est défaillant. 

Avec un peu d’intelligence et les ressources existantes, on fait des miracles.

C’est de l’optimisation, donc, probablement, de surcroît, particulièrement efficace et économe. 

Ce qui laisse un mystère entier. Celui du bénévolat et de l’émergence de telles initiatives. Car elles requièrent autant de génie et de détermination que l’entrepreneuriat, mais ne rapportent rien. Et, en effet, il se trouve que cette association a inventé Blablacar en même temps que Blablacar !