Culture de l’Ouest

Une étude de la vie des habitants de Chicago, de l’enfance et de l’adolescence à la maturité, a révélé que 50 % des participants avaient été exposés à la violence armée avant l’âge de 40 ans. L’âge moyen pour assister à une fusillade n’était que de 14 ans. (Etude de Cambridge.)

Est-il raisonnable de vouloir sevrer l’Américain de son goût de la violence ? Ne fait-il pas partie de la culture même du pays ?

Car une culture, disent les anthropologues, résulte d’événements fondateurs. Et, ici, les fondations sont l’esclavage, le massacre des populations autochtones, une guerre civile, qui, en violence, a été le véritable précurseur de la guerre de 14, des organisations criminelles qui ont les moyens d’une armée, tout cela se terminant par l’assaut du Capitole par Donald Trump.

D’ailleurs, les massacres publics, les assassinats d’hommes politiques et de présidents, qui ponctuent la vie du pays, ne sont-ils pas la célébration d’un rite, sans lequel il n’y a pas de religion ?

Illégalité et désordre : le principe de la culture américaine ?

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Rejet culturel ?

La gauche et la droite n’en finissent pas de sombrer.

Roche Tarpéienne et Capitole ? Il y eut un moment où elles pavoisaient. On entendait quelqu’un comme M.Kouchner dire que, au fond, il n’y avait pas grande différence entre elles. Et, surtout, elles se sont identifiées aux démocrates et républicains américains, jusqu’à s’appeler, effectivement, « républicains », pour la droite. M.Sarkozy n’avait-il pas fait tomber le mur de Berlin ?

N’est-ce pas là le noeud du problème ? Elles ont été prises en otage par une « élite », qui elle-même avait été convertie à ses valeurs par la soft power américaine ? Mais cela n’a pas été le cas du reste du pays, qui est restée attaché à ses valeurs anciennes. Si bien que cette élite ne représente plus rien ?

Mais elle domine toujours la politique locale. Car ses élus se contentent de faire leur métier ? Une bonne idée ?

Anthropologie du politique

Fin d’année, temps des bilans. Découverte du monde politique. Une culture à part.

Le propre du politique, c’est de ne pas avoir de parole. Il prend un engagement, qu’on ne lui demandait pas, et ensuite, plus rien. Tout rappel serait inconvenant. Curieusement, cela touche tous ceux qui entrent dans la politique, quel que soit leur passé. Phénomène tellement répandu, que l’on s’étonne de rencontrer des « gens normaux ».

Illustration de la théorie de la complexité : on ne peut déduire le comportement du groupe de celui de ses constituants. Il faut décrypter ses lois « a posteriori ».

Je me demande si l’anthropologue Marc Abélès ne les a pas bien décrites. Pour lui l’homme politique « se fait bouffer », à l’image de l’homme riche du village africain. Son modèle économique est le « passe droit » (Marc Abélès cite, en exemple, la dispense de service militaire).

Curieuse inversion : le politique se comporte en grand prince, grâce aux deniers publics ?

Toujours plus surprenant : le politique est la marionnette des services qu’il est supposé diriger. C’est aussi vrai dans le monde de l’économie sociale. Ces services ont un sens de l’intérêt général et de leur mission qui leur est propre, et dont la caractéristique dominante est probablement de réduire à néant l’effort nécessaire à leur mission.

Illustration, aussi, des théories du changement. Quand on connait les loi d’un organisme, on sait le faire changer. Un entrepreneur rencontré il y a quelques années disait que l’on pouvait obtenir énormément du monde politique, mais que cela demandait un plein temps. Et que c’était extrêmement frustrant. (Il se consacrait entièrement à cette tâche, son associé dirigeait leur entreprise.)

En outre, cet organisme ne semble pas tellement aimer la douleur. Il obtempère au pouvoir de nuisance ?

Qu’est-ce que l’Amérique ?

L’Amérique a beaucoup changé. Après la guerre, elle était l’image même de l’excellence technocratique. Puis, elle s’est décomposée. La NASA, par exemple, ne semble plus capable de quoi que ce soit. L’Amérique demeure extrêmement puissante, avec une capacité étonnante à la réinvention, voire au reniement quasi instantané de ce qu’elle disait jusque-là parole divine. Mais, elle ne se ressemble plus. A moins que ce ne soit que maintenant que l’on découvre son véritable visage ?

Car la guerre lui a permis d’aspirer toute la culture européenne. Ses fusées étaient allemandes, ainsi qu’Hollywood ou ses sciences humaines. L’élite scientifique européenne lui a apporté son savoir-faire nucléaire. Et la France ses Surréalistes.

Le flux s’est tari. D’ailleurs, la culture européenne n’est plus rien. Qu’en a-t-elle fait ?

Edgar Schein a été très important pour mes travaux sur le changement. Il est l’héritier de ce courant de Juifs, qui ont fuit le nazisme, emportant avec eux l’école des sciences humaines d’Europe de l’est. Une des figures marquantes de cette école a été Kurt Lewin, et ses travaux sur le changement, et, surtout, la démocratie et la paix.

Eh bien, il a été exclusivement récupéré par l’entreprise ! Et c’est, d’ailleurs, parce que je me suis égaré en entreprise, et que j’ai étudié en MBA, que j’en ai entendu parler. Anecdote amusante, mais significative : les travaux qui avaient été faits sur le Führer, ont été recyclés en traités de leadership, qui ont rendu fantastiquement riches leurs auteurs. Alors que les vrais scientifiques, comme Edgar Schein, ont mené une vie effacée. Rien de ce que destinait Kurt Lewin à la société ne lui est parvenu. Et même ce qui aurait pu « libérer » l’entreprise avant l’heure a été oublié, faute de flatter l’ego des petits Führer américains, probablement.

Il y a peut-être du vrai dans ce que dit Régis Debray. La culture, ou absence de culture, américaine, c’est « image, espace, bonheur ». Une sorte de degré zéro de l’intelligence. C’est peut-être aussi une société paléo marxiste, où l’homme est aliéné par ce qui n’aurait dû être qu’un moyen de faciliter les échanges humains : la monnaie ? Avec, au milieu de tout cela, un peu comme chez Mad Max, des îlots d’un reste de culture, réduite à ce que la culture a de matériel, les universités ?

Raison pure ?

Ce blog, de temps à autres, essaie de modéliser le changement qu’a subi notre société. 

Les mots du moment sont « post modernisme » ou « post industriel ». La société traditionnelle disparaît, remplacée par celle, « excitante », dit-on en anglais, qu’une « élite » de gens éclairés, ou « Bobo », crée. Dans la tradition anglo-saxonne, ils ont des « mérites » qui justifient une vie de privilégié, et l’obligation morale de charité (l’esprit ONG) : révéler la bonne nouvelle à une humanité intellectuellement déshéritée.  

On trouve les prémices de ce phénomène, notamment, chez Max Weber. La science sait comment diriger rationnellement la société. Outre la « massification » de l’enseignement supérieur, le pouvoir a donc été donné au diplômé « d’élite ». 

Le « diplômé », élevé entre soi est une « race » à part. Comme ces peuples qui s’appellent « les hommes », « les purs »… il croit qu’il est le seul être humain. En outre, il a conservé les caractéristiques de l’enfant. Et son imaginaire, formé par ses études, est artificiel. Il se nourrit, comme à l’école, d’idées. Celles de penseurs à la mode. Comme l’écrit Montaigne, il ne pense pas. 

Son saint patron est Gramsci. Celui qui disait que les belles promesses sont l’opium du peuple. 

« Raison pure » ? Un demi-siècle de délire théorique qui vit la tentative de « ceux qui pensent », au pouvoir, d’éliminer « ceux qui font », les dominés. D’où la liquidation de l’industrie, au sens premier du terme. 

(L’enfance de l’ange Bobo, et de Lucifer Trump.)

(La charité : une façon de repayer Dieu des capacités exceptionnelles qu’il nous a données ?)

Chanteur totalitaire

Ecoutez un chanteur de musique classique reprendre un chant populaire. De quel droit peut-il ainsi le massacrer ? 

C’est ce que j’ai pensé, il y a quelques temps, en entendant José Van Dam interpréter une chanson de Jean Ferrat. 

L’homme de culture a quelque-chose de totalitaire ? Il n’a pas compris qu’il y a différentes cultures, et qu’aucune ne peut s’arroger le droit de mépriser l’autre, en lui imposant ses règles ?

Histoire du mythe

Le mythe serait une explication du changement, disait Carbone 14. (France Culture.) 

Le propre de l’homme semble d’avoir besoin d’expliquer. 

L’émission disait que le mythe était partout. Ce qui semble signifier qu’il ne connaît pas d’évolution. Tout est relatif. 

J’en doute. Le mythe initial semble avoir été un stabilisateur de la société. Il lui évite l’absurde. Mais les mythes grecs ont aussi un sens pour nous. Le mythe de Sisyphe, par exemple, est une métaphore de la vie. Et, dernière étape, la science, qui est une forme de mythe, permet l’action. 

Epidémie et culture

L’Angleterre annonce qu’elle va mettre un terme aux « mesures anti covid ». Le Danemark serait déjà passé à l’acte. 

Curieuse Europe du Nord. Lorsqu’il s’est agit du risque de thrombose lié à certains vaccins, elle a été la première à user du principe de précaution. Mais, elle est aussi la première à libérer ses citoyens. 

Dans cette gestion de la pandémie, la culture semble avoir eu le dessus. D’un côté, les USA semblent une sorte de chaos, de l’autre, il y a des régimes dirigistes comme la Chine et la France. Et, au milieu, un compromis entre la liberté individuelle et la discipline sociale ? 

Marx avait-il raison ?

Marx aurait dit que le capitaliste vendrait la corde pour le pendre. Il y a du vrai là dedans. L’appât du lucre fait faire n’importe quoi. Y compris vendre des armes à des personnages douteux. Pour autant le capitalisme n’a pas disparu. 

Michael Porter a une théorie qui va dans ce sens mais qui paraît mieux étayée. Pour lui la culture d’un pays peut être le facteur limitant de son économie. La société américaine semble produire pauvreté, et inégalité alors que l’économie a besoin de richesse et d’égalité (d’un marché de plus en plus sophistiqué et exigeant). Tout cela, d’ailleurs, peut venir de principes simples : l’honneur de l’Américain est de « s’en sortir seul ». Il n’a pas de projet pour la société. 

Cela montre aussi probablement la difficulté du changement : comment faire évoluer des idées si puissamment ancrées dans une culture ? 

Pour autant, la société américaine d’après guerre, dite « d’abondance », fut le triomphe de la technocratie. Et aujourd’hui, j’ai l’impression que la solidarité revient. Peut-être, d’ailleurs, que c’est un effet de l’individualisme ? L’individualiste qui souffre élit Trump, puis Biden, et c’est le retour de Roosevelt ? Rien n’est simple Mr Marx ?

Solitude du dirigeant

Solitude du dirigeant français. La BPI a publié une étude sur le sujet. D’ailleurs, c’est devenu un lieu commun. Mais cette solitude est-elle bien ce que l’on en dit ? Une discussion m’a amené à me rappeler d’une anecdote curieuse. 

Réunion de comité de direction d’une PME. Je remarque qu’un directeur, homme de confiance du PDG, semble mal à l’aise. Je ne sais pas trop comment je m’y suis pris, mais je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Il en est ressorti quelque-chose comme : la nouvelle DRH applique dogmatiquement le code du travail et le personnel est inquiet car il risque de ne pas y avoir assez de monde pour faire face au « coup de feu » annuel de juillet. (Je suis très fier d’avoir compris cela, car je n’étais pas là pour cette question, et je ne connais rien au métier de l’entreprise.) J’interroge le PDG : est-ce grave ? Il me répond : oui. Pensez-vous que je doive intervenir ? me demande-t-il. Moi, surpris : bien sûr ! Plus surprenant : il a réglé la question en deux coups de fil. 

Ce type d’incidents a émaillé ma vie, depuis mon premier stage en entreprise. Mais je n’en ai pas compris la teneur. En effet, j’étais tout content de pouvoir résoudre aussi facilement des questions qui paraissaient aussi critiques. Au fond, je pensais : qu’ils sont ridicules ! Complexe de supériorité. 

Je crois maintenant qu’il y a quelque-chose dans la culture française qui fait que « l’on ne se parle pas ». Peut-être que le Français a un respect inné pour la hiérarchie, les conventions sociales, même s’il est syndicaliste ou révolutionnaire, voire anarchiste. Cela mériterait d’être étudié. 

En tout cas, je fais actuellement une étude qui va tout à fait dans ce sens. Je constate que, pour qu’un groupe d’entrepreneurs puisse se constituer, il faut qu’il y ait un intermédiaire qui fasse émerger les sujets dont on n’ose pas parler…